Retrouve les précédents épisodes de cette série sur l’évolution du développement personnel sur le site internet paradox.io :
D’après la chercheuse Joanne Dickson, moins d’une personne sur dix atteint les objectifs qu’elle se fixe.
Oui, tu as bien lu.
Quand on sait que le dev perso est truffé de méthodes censées nous aider à réaliser nos ambitions…
10%, ça craint carrément.
Mais à qui la faute ?
Certains diront que c’est à cause des méthodes douteuses de l’industrie du dev perso. Et ils n’ont pas tort. Mais si le problème était plus profond ?
Pendant la Guerre froide, les États-Unis tentent de gagner la bataille idéologique face à l’URSS et cherchent alors à se différencier du modèle soviétique en faisant la promotion de l’American Way of Life.
L’objectif ? Transformer le rêve américain – avec son abondance financière, ses banlieues chics et sa consommation de masse – en symbole de réussite, en modelant délibérément les imaginaires collectifs au moyen des médias : cinéma, programmes télé, publicité…
Et cette stratégie s’avère puissante.
Si puissante, qu’on se met alors inconsciemment à tous aspirer aux mêmes choses.
À mesure que la définition de la réussite se standardise, nos rêves se standardisent avec elle – créant un phénomène d’uniformisation au sein de la société.
Un phénomène qui va fortement s’accélérer à l’ère des réseaux sociaux, relais contemporain de nouveaux idéaux :
Un corps ultra fit, une entreprise à plusieurs millions, un mode de vie digital nomade, des voyages constants à l’autre bout du monde en business class, une grande maison, des décorations de Noël époustouflantes, une garde robe prête à craquer de pièces de créateurs…
Ces rêves influencent chacune de nos décisions au quotidien.
Pourtant… ils ne sont peut-être pas vraiment les nôtres.
Car oui, à force d’être bombardé de messages qui nous montrent qu’il n’y a qu’une seule façon légitime de réussir, on finit par céder au conformisme ambiant – et donc, par perdre contact avec notre individualité.
Ce conformisme, on ne le choisit pas toujours.
Notre cerveau, marqué par des siècles de survie en groupe, nous pousse souvent à suivre le troupeau. Des expériences ont même prouvé que ce besoin d’approbation sociale est si fort qu’on tend à suivre le groupe, même quand il se trompe !
Pour éviter l’exclusion, on se plie alors inconsciemment aux normes, quitte à poursuivre des idéaux qui ne nous parlent pas profondément.
Le résultat ?
Soit on réussit (souvent au prix de son bien-être), soit… on échoue (et on en veut au dev perso).
Pour le professeur Roy Baumeister, la raison de cet échec est claire.
Quand on est aliénés de soi-même (c’est-à-dire que nos objectifs ne résonnent pas avec nos désirs profonds), notre cerveau manque d’énergie pour maintenir une motivation à long terme.
Le résultat de cette aliénation ? Procrastination, manque de motivation, et parfois même apathie… Des symptômes bien connus dans le dev perso, mais que ses méthodes ne résolvent pas, car elles n’en traitent que les conséquences.
La vraie cause ? Poursuivre un rêve qui n’est pas le nôtre.
La vraie solution ? Reprendre son pouvoir.
Mais comment ?
Imagine si les notions de réussite et d’ambition n'étaient plus définies de l’extérieur.
Imagine si on remettait vraiment l’individu au centre du débat, dans toute son unicité, dans toute sa complexité – et qu’il constituait enfin réellement le point de départ.
Pas dans une perspective individualiste, mais plutôt dans une perspective d’individuation, un concept central chez Jung qui désigne le processus par lequel un individu devient pleinement lui-même en acceptant ses particularités, ses désirs et ses valeurs.
L’individuation est un processus de détachement des influences sociales, familiales et culturelles pour découvrir son véritable soi et vivre une vie sur-mesure, alignée avec ce qui nous inspire vraiment.
Autrement dit, c’est avoir le courage d’écouter cette petite voix qui nous murmure ce qui est important pour nous – au-delà de ce que l’extérieur juge être la bonne voie.
C’est avoir le courage de reprendre son pouvoir et de redéfinir la réussite de l’intérieur à travers l’expression de notre singularité.
Il se trouve que, paradoxalement, c’est en allant “égoïstement” vers ce qui nous inspire, en repoussant nos limites, et en résolvant les problèmes qui ont du sens pour nous, qu’on peut avoir une influence forte sur le monde qui nous entoure.
Et ce, à toutes les échelles.
Parce que oui : pas besoin d’être une célébrité pour faire la différence.
Ça peut être ce prof passionné de pédagogie, qui innove sans cesse pour faire naître l’étincelle dans les yeux de ses élèves, ce thérapeute curieux qui écoute avec soin et plonge dans les détails et les subtilités de l’histoire de ses patients, ce parent attentif qui se forme en psychologie enfantine pour créer une belle relation avec ses enfants, ce fermier passionné qui explore des pratiques respectueuses de la terre et de la biodiversité, cette développeuse passionnée d’IA qui crée des applications à destination des femmes entrepreneures…
Sauf que, pour que les gens osent enfin écouter ce murmure à l’intérieur d’eux, il faut changer de paradigme dominant qui consiste à pousser les individus à se perfectionner en cherchant à atteindre des objectifs dont on ne questionne jamais le sens profond.
Car tout ce que ce paradigme a réussi à accomplir jusqu’à maintenant, c’est créer une course sans fin, où l’on devient esclave d’une image idéalisée de soi-même, plutôt que de se connecter à sa véritable essence.
C’est pour cela qu’avec Paradox, on prône un dev perso critique, qui questionne les normes, et revisite les règles qui imprègnent notre psyché, au lieu de les suivre aveuglément.
À suivre.